Très intéressant, merci Gilbert.Gilbert a écrit : ↑20 janv. 2024, 12:06 Extrait de la Libre du 20 janvier 2024
"Le plan d’économies ne touche pas à ce qui fait la qualité de LN24"
Denis Pierrard, directeur général du pôle audiovisuel d'IPM Group, explique les raisons qui ont contraint le groupe de médias à réduire les dépenses de LN24. L’avenir de la chaîne d’info est conditionné à une amélioration de sa rentabilité en 2024-2025 et à une recapitalisation.
Denis Pierrard, directeur général du pôle audiovisuel du groupe IPM, souligne la qualité du travail des équipes de LN24. Le problème essentiel, dit-il, réside dans la régression du marché publicitaire.
Qu’est-ce qui a motivé l’annonce, le 12 janvier, d’un plan d’économies chez LN24 (dont le groupe IPM est actionnaire à hauteur de 68%)?
La chaîne a réalisé d’énormes progrès, qu’il s’agisse de sa notoriété, de sa part de marché, de son rayonnement. LN24 évolue néanmoins dans un marché télévisuel très compétitif et un marché publicitaire en régression. Nous n’avons pas atteint, en 2023, les revenus publicitaires escomptés et nous n’envisageons pas de véritable amélioration cette année. Cet environnement nous a contraints à prendre des mesures d’économies pour améliorer la rentabilité de la chaîne.
Sans ces économies, LN24 allait creuser un peu plus ses pertes en 2024 ?
Exactement. Nous avons clôturé 2023 sur une perte de 3,9 millions d’euros. Avec les économies annoncées, l’objectif est de la limiter à 2 millions fin 2024. Si on ne faisait rien, et avec une prévision de stabilisation des recettes publicitaires cette année, nous étions partis pour une nouvelle perte de 4 millions cette année, ce qui n’était pas envisageable pour le groupe IPM. Depuis la création de LN24 en 2019, la mise de fonds cumulée des actionnaires s’élève à 20 millions d’euros. Il était devenu indispensable d’ajuster la structure des coûts de la chaîne aux recettes. Mais je répète que la productivité de LN24 et la qualité de ce qu’elle fait, avec les moyens dont elle dispose, sont excellentes. Le problème réside avant tout dans un marché télé de la pub qui a régressé de 5 à 6 % en 2023.
Quelle est l’évolution des parts de marché de LN24 ?
Nous sommes autour de 1,5-1,6 % de parts de marché, contre 0,8 % en 2022. Notre objectif reste d’atteindre une part de 2 % cette année-ci et 3 % à terme.
Le plan d’économies se traduit, notamment, par plusieurs départs. De combien de salariés et de collaborateurs avez-vous dû vous séparer ?
Il y a treize départs. En équivalents temps plein (ETP), ça correspond à huit personnes : deux salariés et six indépendants. Nous passons donc de 40 à 32 ETP.
LN24 produit 7 heures d’infos quotidiennement. C’est de loin supérieur à ce que proposent toutes les chaînes généralistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles."
Denis Pierrard, directeur général du pôle audiovisuel de IPM
Est-ce suffisant pour continuer à faire une chaîne d’info en continu ?
LN24 n’est plus une chaîne d’info en continu. On produit 7 heures d’infos quotidiennement. C’est de loin supérieur à ce que proposent toutes les chaînes généralistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles. LN24 compte cinq émissions phares : LN Matin (en collaboration LN Radio), Il faut qu’on parle, Premiers sur l’info, Les visiteurs du soir et Le petit théâtre de Vrebos. Il faut ajouter la diffusion de documentaires, tous informatifs, et les rediffusions.
Le plan prévoit la fin de l’émission de Pascal Vrebos, mise à l’antenne à l’automne…
Nous avons décidé de ne pas repartir pour une deuxième saison. L’émission se terminera fin avril. C’est évidemment une déception, mais nous allons continuer à utiliser les grandes qualités de Pascal dans notre couverture de la campagne électorale.
D’autres changements sont prévus dans la grille des programmes ?
On a décidé de supprimer le journal de midi. Trop peu de personnes sont disponibles à ce moment-là de la journée. On va réduire un peu la voilure en marketing, en particulier sur les réseaux sociaux en se recentrant sur certains réseaux plus en adéquation avec notre audience, donc nous ne perdons pas d’impact. On transforme par ailleurs le site Internet : il s’agira désormais d’un site qui présente les émissions et non plus d’un site d’infos. Pour le reste, on ne touche pas à l’ADN des émissions phares de la chaîne.
Les équipes de LN24 vont-elles continuer à produire des vidéos d’infos pour les sites des autres médias du groupe IPM (La Libre, La DH, L’Avenir, Moustique, etc.) ?
Tout à fait. Sur 100 % des vidéos produites actuellement par IPM, 25 à 30 % sont déjà produites par LN24 (soit environ 650 vidéos sur les 2 500 qui sont produites chaque mois, NdlR). C’est l’un des fondements de la stratégie du groupe et on ne va pas y toucher. On va même essayer d’augmenter cette contribution dans le futur.
Le groupe IPM s’inscrit dans une stratégie avec LN24. Cela prend plus de temps que ce qu'on avait prévu. Il y a encore un potentiel d'améliorations. Mais, pour cela, il faut absolument améliorer sa rentabilité en 2024 et 2025."
Denis Pierrard
Cette semaine, Trends-Tendances titrait : “LN24 : stop ou encore ? ”. LN24 a-t-elle encore un avenir ?
Si ce n’était pas le cas, je ne serais pas là pour vous répondre. Le groupe IPM s’inscrit dans une stratégie avec LN24. Cela prend plus de temps que ce qu’on avait prévu. Il y a encore un potentiel d’améliorations. Mais, pour cela, il faut absolument améliorer sa rentabilité en 2024 et 2025. Il faut aussi bien voir que cette chaîne apporte aux médias de IPM une série d’avantages (visibilité médiatique, synergies éditoriales, commissions de régie publicitaire réduites…).
La société éditrice de LN24 doit-elle être recapitalisée ?
Oui, vu les pertes accumulées, nous allons devoir passer par une recapitalisation.
Hormis IPM, qui est disposé à (ré) investir ? Les autres actionnaires (Belfius, Besix, etc.) ? De nouveaux partenaires ?
C’est trop tôt pour en parler. En tout cas, nous sommes ouverts à toute forme de partenariat qui pourrait nous aider à atteindre nos objectifs stratégiques.
Il a été question d’un prêt de 3 millions d’euros sollicités auprès du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Ce n’est plus d’actualité.
Outre la télé avec LN24, vous dirigez LN Radio et, depuis peu, Fun Belgique. Comment envisagez-vous l’avenir de ces deux radios ?
Ce sont deux radios fondamentalement différentes. Avec Fun, on ajoute au pôle audiovisuel d'IPM un très beau produit, rentable, avec 4 % de parts de marché sur sa cible. La stratégie va plutôt consister à optimiser le pôle radio en cherchant des synergies techniques et marketing entre Fun, LN Radio et nos sites de news, plutôt que des synergies éditoriales, comme on le faisait entre LN Radio et LN24.
Par rapport à tout ce qui a pu être écrit et dit depuis une semaine sur LN24, quel message auriez-vous envie d’adresser à l’équipe de LN24 ?
La première chose que j’aimerais leur dire est que cette équipe n’a vraiment pas démérité. C’est une équipe qui a du talent, qui fait des bons produits, avec des moyens limités par rapport à ceux des chaînes. La deuxième chose est que le plan de restructuration que nous avons adopté nous permettra de maintenir ce niveau de qualité. Ce plan ne touche pas à ce qui fait l’essentiel de la qualité de LN24. Grâce à ces deux éléments, il n’y a aucune raison de se décourager.
Question impertinente : quel est le montant de laide à la Presse reçu par le groupe IPM ?
D'après le site culture.be : un peu plus de 2.567.000 € en 2018.
Depuis lors LN24 a bénéficié d'autres aides supplémentaires.
Pour ceux et celles que ça intéresse, tous les chiffres sont disponibles dans les décrets budgétaires.
Bonne recherche.